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Ces propositionsSi je voulais les soumettre aux découpages d’un argumentaire mis en formePourraient m’amener à fournir cent preuves Démontrant que la vie des hommes affairés est Infiniment courte FabianusPas l’un de ces philosophes d’école mais un vrai sage à la manière antiqueAvait coutume de dire que c’était très franchement Non par des subtilités Qu’il fallait combattre nos passionsPour repousser une telle légionIl ne croyait pas à de petites attaquesMais à une offensive brutaleCe n’est pas assez de déjouer leurs ruses Il faut les anéantir Pourtant tout en reprochant aux hommes leurs erreursOn doit les instruire encoreNe pas se limiter à les plaindre (donc) La vie se divise en trois temps Le présent Le passé Et l’avenirLe présent est courtL’avenir incertainLe passé seul est garanti Car sur lui le hasard a perdu ses droitsEt personne n’a le pouvoir de le réarranger à sa guise Les hommes affairés n’en tirent aucun partiIls n’ont pas le loisir de porter un regard en arrièreEt quand bien même ils l’auraientDes souvenirs emplis de regrets ne leur seraient pas agréablesIls se rappelleraient malgré eux le temps mal employéIls n’oseraient se représenter les vices dont la laideur s’effaçait devant la séduction du plaisir d’alorsmais quiau souvenirse montrent évidemment au grand jour Personne ne revient de bon gré dans le passéSi ce n’est celui qui a toujours soumis ses actions au tamis de sa conscienceCelui qui ne s’est jamais perdu Mais celui qui fut dévoré d’ambitionCelui qui montrait avec insolence son méprisQui sans mesure abusait de la victoireCelui qui fut fourbe Déprédateur avareOu dissipateur de fortune insenséDoit nécessairement craindre ses souvenirs Or cette portion passée de notre vie est sacréeIrrémissible Elle se trouve en dehors du pouvoir des évènements humainsAffranchie de l’empire du hasardEt ni la crainteNi la pauvretéNi l’atteinte des maladies ne peuvent la troublerElle ne saurait être ni soucieuseNi dans le besoinNous pourrons la savourer à jamais et sans inquiétude C’est seulement l’un après l’autre que chaque jour devient présent Et encore n’est-ce que par instants qui se succèdentMais tous les instants du passé se représentent à vous quand vous l’ordonnezSelon votre bon plaisirVous pouvez les passer en revueLes retenir Exactement ce que les hommes affairés n’ont pas la possibilité de faire Une âme calme et paisible est toujours à même de revenir Sur toutes les époques de sa vieQuand l’esprit des hommes affairés est attachéQu’ils ne peuvent Ni se détourner Ni reporter leurs regards en arrièreLeur vie s’est engloutie dans un abîmeEt tout comme une liqueurAussi abondamment que vous la versiezSe perd si un vase ne la reçoit pasEt ne la conserveDe même à quoi sert le tempsAussi long qu’il vous soit donnéS’il n’est aucun fond pour le contenir ? Il s’évapore au travers de ces âmes Inconsistantes et percées à jour Le présent est très courtSi courtQue quelques hommes ont nié son existence Il est toujours en marche en effetIl vole et se précipiteIl a cessé d’être avant d’être arrivé Il ne s’arrête pas plus que le monde Ou les astresDont la révolution est éternelleEt qui ne restent jamais dans la même position Alors seul le présent appartient aux hommes occupésPrésent si court qu’on ne peut le saisirEt tandis qu’ils sont tiraillésDistraits par mille affaires Le temps même leur échappe