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La nouvelle ministre des Affaires étrangères britannique, Liz Truss, nommée il y a un mois par Boris Johnson, rappelle la Dame de fer de par son tempérament, mais aussi de par son idéologie très libérale. En charge du déploiement de la nouvelle politique internationale d’un Royaume-Uni émancipé de l’Union européenne, Liz Truss est aujourd’hui la personnalité la plus populaire du parti conservateur auprès des militants. Liz Truss le clame : « [Le Royaume-Uni] est toujours au meilleur de lui-même quand il est ouvert vers l’extérieur, optimiste et confiant. C’est le Royaume-Uni que je veux voir : patriotique et positif. Les gens veulent se sentir fiers de leur pays, ils en ont assez des discours déclinistes concernant notre place dans le monde. Nous sommes un grand pays : un pays moderne, libéral, qui réussit grâce à la libre entreprise. » Souriante, toujours élégante dans ses complets aux couleurs vives, Liz Truss est du genre énergique, enthousiaste et de plus en plus médiatique. « Elle aime se mettre en avant. Elle se fait beaucoup photographier et est très active sur Instagram... », commente Jill Rutter, chercheuse au think tank « UK in a changing Europe » (Le Royaume-Uni dans une Europe qui change, ndlr) « Elle est d’un optimisme incorrigible, on l’entend très rarement dire quelque chose de décourageant. Elle se comporte un peu comme un coach qui serait là pour motiver le Royaume-Uni. Et en cela, elle est probablement la membre du gouvernement qui a le plus d’affinités avec Boris Johnson », ajoute-t-elle. ► À lire aussi : Royaume-Uni: Boris Johnson attendu sur plusieurs fronts au congrès annuel du parti conservateur Ambassadrice de la stratégie économique post-Brexit Soutien de la première heure du Premier ministre, elle est l’ambassadrice du « Global Britain », la stratégie post-Brexit de conquête britannique de nouveaux marchés et d’alliances renouvelées, comme l’analyse Jill Rutter. Elle se concentre sur la manière de maximiser les opportunités du Brexit... et les relations avec l’Union européenne ne sont pas bien haut sur sa liste des priorités ! C’était très clair lors de son discours à la conférence du Parti conservateur le mois dernier : elle a à peine mentionné l’Europe. C’est une atlantiste, proche des États-Unis et du Canada, et elle défend un rapprochement avec la zone Indo-Pacifique. D’ailleurs, juste avant, en tant que ministre du Commerce, elle a sécurisé une soixantaine de contrats, notamment avec des pays asiatiques, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande. Pragmatisme et efficacité sont ses maîtres mots. Elle assume sans détours sa vision néo-libérale de l’économie et des relations internationales, mais pour le reste, son bagage idéologique n’est pas très marqué : elle ne s’est d’ailleurs pas franchement mouillée du temps du référendum sur le Brexit par exemple. « Elle garde toujours un œil sur sa carrière. Au début, elle a soutenu le camp du “Remain”, probablement pour rester fidèle au Premier ministre de l’époque David Cameron qui ne voulait pas sortir de l’Union européenne. Mais ensuite quand le vent a tourné, ça n’a pas été difficile pour elle de changer de camp. En partie, peut-être, parce que ce n’est pas la première fois », dit Jamie Gaskarth, professeur de sciences politiques à la Open University, qui poursuit : « À l’Université, elle faisait partie des démocrates libéraux. Au fond, ce qui l’intéresse avant tout c’est le libre-échange, déréguler le marché, baisser les taxes, réduire le rôle du gouvernement, favoriser les relations commerciales et c’est un fond idéologique qui raisonne très bien avec la base des militants conservateurs ». La plus jeune ministre de l’histoire du gouvernement britannique Fille d’un père prof de mathématiques et d’une mère infirmière, elle devient en 2014, ministre de l’Environnement, la plus jeune femme nommée au gouvernement dans l’histoire britannique. L’occasion pour cette femme ambitieuse de 45 ans, d’affirmer son indépendance d’esprit et son humour aussi. « J’ai grandi dans une famille de gauche où on parlait de Marx et Trotsky à table. Ma mère m’a emmené en manifestation, j’ai fabriqué des pancartes [contre Margaret Thatcher]. Je n’ai pas fait du ballet, je n’ai jamais eu de cheval ! Ce que j’ai appris de plus utile, c’est de me faire entendre dans une foule. Mais contrairement à d’autres qui sont restés dans le moule gauchiste, je me suis rebellé. Je suis devenue conservatrice ! », explique Liz Truss. Aujourd’hui, elle est la personnalité la plus populaire du Parti conservateur britannique. L’étoile montante à qui il reste une marche à franchir, celle, un jour qui sait, de Premier ministre.