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Comme un air de campagne… électorale. La France doit « assumer sa part d’africanité », a dit le président français, hier, au sommet Afrique-France de Montpellier ; et, entre autres pépites ayant émaillé cette rencontre entre Emmanuel Macron et les jeunes Africains sélectionnés pour débattre directement avec lui, la presse matinale française, en effet, a relevé cette formule… à travers laquelle Le Figaro a cru entendre la réponse présidentielle aux accusations (du polémiste) Éric Zemmour de « dissoudre la France dans l’Afrique ». La « part d’africanité » de la France évoquée par Emmanuel Macron ? Comme emprunté par la sensibilité du sujet,Le Figaro botte en touche, explique qu’en fait, « le sens » du plan d’aide à l’Afrique dévoilé à Montpellier par le président français serait de « convaincre la jeunesse africaine que son avenir se joue en Afrique, pas en Europe ». Loin de ces circonvolutions, le journal Le Parisien, de son côté, met les pieds dans le plat. « Le président tacle Zemmour au sommet Afrique-France », formule-t-il. Selon ce quotidien, la grand’messe de Montpellier a ainsi été l’occasion « de souligner que les visions du président et d’Éric Zemmour, adepte de la théorie « du grand remplacement », n’ont rien en commun ». Et comme Emmanuel Macron a notamment rappelé que « sept millions de Français ont une vie intimement liée à l’Afrique », dénonçant au passage ceux qui, selon le chef de l’Etat, « manipulent notre histoire », Le Parisien souligne que c’est « la deuxième fois que le chef de l’Etat fait allusion au chroniqueur d’extrême-droite », ce journal y voyant le « signe qu’à l’Elysée aussi, la candidature du polémiste prend de l’épaisseur ». Tambouille françafricaine Mais ça, c’est de la cuisine politique franco-française. Tandis qu’à Montpellier, hier, il a notamment été question de cuisine franco-africaine, et Le Figaro le rapporte sans commentaires, en relevant la remarque lancée par « la jeune Burkinabée » (sic) Elda Koamaa lorsqu’elle a dit que « si la relation Afrique-France était une marmite, elle serait sale », invitant aussitôt le président français « à la récurer » ! Emmanuel Macron a reconnu qu’il fallait « laver la marmite », rapporte encore ce quotidien. Autre vigoureux échange, celui entre Emmanuel Macron et Cheikh Fall, lorsque ce journaliste sénégalais s’est montré « encore plus direct », se faisant l’écho d’un « mécontentement » et d’une « frustration » et surtout d’un « passé commun lourd à porter », invitant le président français « à demander pardon » pour cette histoire lestée par l’esclavage et la colonisation, à « cesser de collaborer » avec les dictateurs africains, ou encore à amorcer « un retrait progressif des bases militaires françaises en Afrique», rappelle Le Figaro. A quoi, complète ce quotidien, le chef de l’Etat a riposté en assurant avoir, « à chaque fois, pris des distances nécessaires » avec « les régimes autoritaires africains », tout en renvoyant ses interlocuteurs « aux propres responsabilités des sociétés africaines », puis en contestant les critiques contre la présence militaire en Afrique, alors que la Malienne Adam Dicko accusait l’opération française en Libye d’être « à l’origine de l’insécurité », reprochant dans la foulée à « l’action militaire de n’apporter aucune solution ». Comme le signale ce journal, le président a rétorqué que « des soldats français « meurent pour (leur) sécurité » à eux, les Africains, ajoutant que, « sans la France, qui intervient « à la demande des États », les djihadistes contrôleraient Bamako, consigne Le Figaro. Mais quand Emmanuel Macron a demandé « avec quelle dictature (il) collabore », le journal Libération signale que la salle lui a répondu : « le Cameroun », « le Tchad » ou encore « la Côte d’Ivoire », rapporte Libé. Macron désarçonné Et déjà des commentaires dans la presse en Afrique ce matin. Au Sénégal, le quotidien EnQuête estime ce matin qu’Emmanuel Macron, hier, « a été bousculé » par la jeunesse africaine… tandis que son confrère 24 heures assure qu’Emmanuel Macron « n’est pas le gouverneur général de l’Afrique ! », et qu’il ne peut pas « donner l’impression » qu’il a été mandaté par les chefs d’Etats africains pour « glaner les maux qui les assaillent ». Enfin au Tchad, le journal Al Wihda souligne le distinguo d’Emmanuel Macron relatif à la junte au pouvoir à Njamena, lorsque le président français a dit : « c’est une transition, pas une transmission. Nous sommes là pour aider un processus politique sous supervision de l’UA ». Nuance…