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Il a été nommé il y a tout juste une semaine au poste de Premier ministre de la République tchèque et représente l’opposé de celui qu’il remplace, le milliardaire Andrej Babis. Petr Fiala, le leader du parti conservateur des Démocrates civiques (ODS), prend à 57 ans les rênes d’un pays qui, comme le reste de l’Europe, connaît une nouvelle vague de Covid-19 ses dernières semaines. À la tête d’une large coalition qui inclut notamment le Parti pirate tchèque, cet ancien historien, journaliste ou encore recteur d’Université, qui fut entre 2012 et 2013 ministre de l’Éducation, va devoir faire démontrer des qualités d’équilibriste pour que son gouvernement reste uni… Petr Fiala a le profil pour plaire. Bien éduqué, polyglotte à l’image de James Bond à qui il aime se comparer et dont il se dit fan, le nouveau Premier ministre tchèque tranche avec la personnalité d’Andrej Babis, son prédécesseur : un milliardaire populiste qui n’hésitait pas à changer son fusil d’épaule pour attirer de nouveaux électeurs. Celui qui fut ministre de l’Éducation entre 2012 et 2013 a, quant à lui, des idées bien ancrées, selon Michel Perottino, chercheur et professeur à la Faculté des sciences sociales de l’université Charles à Prague : « Petr Fiala n’est pas qu’ancien politologue ou professeur de sciences politiques, il est aussi une personne très avertie, notamment en matière d’idéologie politique. Et c’est peut-être, dans le milieu politique tchèque, un des hommes politiques les plus consistants en ce qui concerne son profil idéologique. Petr Fiala, sur le plan des idées, est avant tout un conservateur, ce qui était très marqué notamment lors de sa présidence de l’ODS, ce qui sera sans doute le cas pour les mois ou les années à venir à la tête du gouvernement tchèque. » « Fiala met l’accent sur la modération dans ses propos » Si Petr Fiala est un conservateur affirmé, il n’est pas pour autant proche des idées conservatrices développées en Europe de l’Est, détaille Jacques Rupnik, professeur à Sciences Po et spécialiste de l’Europe centrale et orientale : « Fiala met l’accent sur la modération dans ses propos, dans la formulation de ses thèses. Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas de convictions fortes, il en a. Il est plus proche des conservateurs britanniques que madame Merkel. Quand je dis que son conservatisme est “de type britannique”, cela ne veut pas dire qu’il ait comme perspective un euroscepticisme dur allant jusqu’au “Tchexit”, pas du tout ! » Petr Fiala va devoir conjuguer avec les partis qui composent son gouvernement. Cinq formations aux idées très différentes que ce soit en matière de politique intérieure, ou sur la scène internationale, mais qui sont tout de même parvenus à trouver la voie à suivre, estime Michel Perottino : « Le gouvernement qui est en train de se former a déjà annoncé qu’il souhaitait faire beaucoup d’économies. L’objectif sera sans doute de revenir à un budget en équilibre, ce qui va s’avérer extrêmement compliqué. Le gouvernement devra faire des coupes très sombres et faire beaucoup d’économies par rapport au gouvernement d’Andrej Babis qui, lui, a beaucoup distribué. »