Peter Marki-Zay, l’outsider des futures élections législatives en Hongrie

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Selon de nombreux experts, Peter Marki-Zay est à même de mettre fin au « règne » de Viktor Orban, à la tête du pays depuis 2011. Les partis d’opposition en Hongrie ont organisé pour la première fois des primaires réunissant six formations politiques allant de la gauche à l’extrême droite. L’idée étant de choisir un candidat unique pour tenter de battre le Premier ministre sortant Viktor Orban, lors des élections législatives prévues en avril 2022. Et c’est Peter Marki-Zay, un politicien âgé de 49 ans et père de sept enfants qui s’est imposé un peu à la surprise générale. Inconnu sur la scène européenne et affilié à aucun parti, celui qui veut faire tomber l'indéboulonnable Premier ministre ne cesse de prendre du galon dans son pays depuis plus de trois ans. « Peter Marki-Zay est une figure politique très intéressante en ce moment. Jusqu’à présent, c’était un outsider, il ne faisait pas partie de l’opposition traditionnelle. Il a travaillé pour des entreprises aux États-Unis, au Canada. Il est ensuite revenu en Hongrie et en 2008 il a remporté la mairie d’une ville de taille moyenne, Hodmezovasarhely, indique le politologue hongrois Andrea Virag. C’est un homme de province, un catholique pratiquant, culturellement conservateur et sur le plan économique, un peu plus libéral et pro-marché que les figures politiques de l’opposition traditionnelle. » À la tête d'une large coalition Troisième à l’issue du premier tour des primaires de l’opposition, Peter Marki-Zay a pu finalement participer au second tour suite au désistement du maire de Budapest qui estimait que ce provincial aurait plus de chance de battre le Fidesz et Viktor Orban lors des prochaines législatives. Et c’est sur un discours résolument anti-corruption qu’il est parvenu à s’imposer. Peter Marki-Zay va donc être à la tête d’une coalition de six partis, allant de la gauche à l’extrême droite. Une coalition qui compte annoncer une liste unique pour les élections législatives, seul moyen de venir à bout du Fidesz. Et maintenir cette union entre des partis aux idées si différentes s’annonce compliquée.   « Ce qui va être déjà difficile, c’est de faire la liste, parce qu’on est sur un scrutin de liste et c’est un scrutin proportionnel, analyse Catherine Horel, historienne et spécialiste de la Hongrie. Donc comment sera composée cette liste qui sera celle qui se présentera face à Viktor Orban et au Fidesz ? Là, on peut être un peu sceptique ou tout du moins dans l’expectative. Cette liste sera-t-elle suffisamment attractive pour tout l’électorat, susceptible de voter contre Orban ? » Un défi de taille Si d’aventure l’opposition parvient à s’entendre, se présenter face à Viktor Orban et à son parti semble un défi de taille. Pour Andrea Virag, cela dépendra de la capacité de Peter Marki-Zay à convaincre les indécis : « En ce moment et étant donné la situation, l’opposition et le gouvernement ont à peu près le même nombre d’électeurs. Donc les élections de 2022 vont certainement se jouer avec le vote des indécis et Peter Marki-Zay pourrait bien compter sur ces voix. » Pro-européen, MZP – comme on le surnomme – souhaite que son pays adopte l’euro et devienne un membre plus proactif de l’Union européenne. Très différent de Viktor Orban sur les questions d’immigration, de politiques sociales ou encore de lutte contre la pauvreté, il compte séduire un électorat très hétéroclite qui n’a pour seul point commun la volonté de mettre un terme à l’aventure du Fidesz à la tête du pays. Un parti, tout comme son leader, qui commence à se poser des questions. « Depuis l’année dernière et la perte de Budapest et les progrès énormes de l’opposition lors des élections municipales, on sent que ça brûle un peu autour de Viktor Orban, observe l’historienne Catherine Horel. Du coup, il se braque, il est de plus en plus agressif. C'est un signe que l’édifice semble en péril ». Peter Marki-Zay veut bousculer la scène politique hongroise et il compte donc bien créer, à nouveau, la surprise lors des prochaines élections législatives.