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La Birmanie marque un triste anniversaire et entre dans son sixième mois après le coup d’État militaire qui a fait revenir en quelques heures ce grand pays d’Asie du Sud-Est aux temps les plus sombres de la dictature. Existe-t-il, tout de même, une lueur d’espoir pour le peuple birman ? Difficile pour les 54 millions de Birmans de ne pas penser qu’ils nagent en plein cauchemar depuis le putsch du 1er février dernier : la Birmanie en chiffres aujourd’hui ? Ce sont près de mille morts, dont des dizaines d’enfants, abattus au fil des mois, lors des manifestations pro-démocratiques, mais aussi des centaines de disparus, sept mille prisonniers politiques dont beaucoup encourent des peines ahurissantes pour sédition dont la plus célèbre : Le prix Nobel de la paix et ancienne cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi, passible de 75 années de prison. Cauchemar effectivement d’autant que la Birmanie est de surcroît touchée de plein fouet par une catastrophe sanitaire que les militaires au pouvoir sont incapables de maîtriser. Comme si le destin s’acharnait sur un pays qui vient de vivre une parenthèse démocratique d’une dizaine d’années, la pandémie fait aussi des ravages depuis quelques semaines, le variant Delta décime la population birmane qui n’a accès à aucune offre de soins : ni médicaments, ni oxygène. On estime que la moitié des 54 millions de Birmans sera infectée d’ici à la mi-août, ce qui risque de se traduire en milliers de morts. Trop obsédés par leur survie politique, les généraux birmans n’ont rien vu venir et profitent même cyniquement de la pandémie en accusant le corps médical, l’un des premiers à être entré en rébellion contre la junte, à porter la responsabilité de la crise. Les prisons sont de véritables foyers d’infection où les détenus politiques, dont des députés et des journalistes, meurent par dizaines. Six mois déjà et quelles solutions, quelles pressions diplomatiques pour tenter de résoudre la crise birmane ? L’Assemblée générale de l’ONU a adopté fin juin une résolution non contraignante qui condamne le coup d’État et appelle « tous les États membres à empêcher l’afflux d’armes » dans le pays, mais les déclarations onusiennes peuvent paraître futiles au regard de la catastrophe dans le pays et ont fait perdre, en tout cas, tout espoir à une population birmane qui se sent laissée à elle-même. La dictature birmane se sait protégée par ses alliés chinois et russes dont les intérêts stratégiques écartent systématiquement toutes considérations humanitaires, qu’elles soient soulevées par Washington, l’Union européenne ou par la résistance en exil... La Birmanie est revenue à un tragique cycle sans avenir, sans autre promesse que la normalisation à marche forcée d’un pouvoir militaire.