News
La Chine célèbre le centième anniversaire du PCC, le Parti communiste chinois, sous l’égide de l’actuel leader Xi Jinping. 100 ans après, peut-on parler de « bilan globalement positif » ? Plutôt d’un bilan très contrasté. 100 ans, c’est en soi un succès : ce Parti est devenu une machine politique incroyablement puissante – sans doute l’une des plus puissantes qui n’ait jamais existé. Avec une longévité exceptionnelle et un nombre record de 95 millions d’adhérents - plus ou moins consentants néanmoins. Par ailleurs, le Parti communiste chinois peut aussi présenter un bilan positif en termes de développement économique, surtout depuis le tournant de la fin des années 1970. On peut citer encore l’incroyable bond en avant de l’éducation, la sécurité de l’emploi pour des millions de salariés et la grandeur retrouvée d’une puissance humiliée par les Occidentaux des années 1850 aux années 1930. ► À lire aussi : Chine: les 100 ans du Parti, Xi Jinping et la Révolution Un maintien du pouvoir fort peu démocratique Là où les choses se gâtent, c’est sur la manière dont le PCC a réussi à se maintenir au pouvoir – fort peu démocratique. Le parti dirige la vie de centaines de millions de personnes depuis 1949 d’une main de fer et en n’hésitant pas à recourir à une répression sanglante contre ses opposants. On peut penser à la Révolution culturelle initiée par Mao dans les années 1960, terrible page sombre de cette histoire, à la répression place Tien An Men en 1989 notamment, ou à la grande famine à la fin des années 1950. Ou encore aujourd’hui, au travail forcé des Ouïghours ou à la répression en cours à Hong Kong. Le bilan est lourd, très lourd : près de 30 millions de morts viennent ensanglanter cette histoire de domination d’un parti sur un pays. Ces épisodes sombres ou sanglants sont bien sûr rayés ou à peine évoqués par l’histoire officielle chinoise – la seule qui puisse se manifester. Car en Chine, impossible de critiquer le Parti, car cela revient à critiquer la nation. Modèle alternatif Ce « storytelling » à la chinoise traduit aussi une volonté de brandir un modèle alternatif à celui de la démocratie occidentale, notamment tel qu’il est incarné par les États-Unis… Le Parti communiste chinois fait la démonstration que le développement économique peut se conjuguer avec le maintien d’un système autoritaire – contrairement à ce qu’écrivaient tous les penseurs politiques occidentaux pour qui le développement économique rimait avec l’éclosion quasi automatique de la démocratie représentative. ► À lire aussi : Le président Xi Jinping souhaite améliorer l’image de la Chine La Chine du coup se pose en modèle alternatif à la démocratie à l’Occidental. Et même désormais en rival face au leader de ce camp occidental incarné par les États-Unis. Ce qui fait que, un siècle après sa création, le Parti-Nation de la Chine apparaît comme le grand concurrent du modèle américain, au plan économique, mais aussi militaire et géopolitique – au point que certains analystes estiment que cette rivalité est désormais une compétition en termes de leadership mondial.