Le monde en questions - En Arménie, un scrutin à haut risque pour Nikol Pachinian

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Les élections législatives anticipées doivent se dérouler ce dimanche en Arménie, quelques mois après la cuisante défaite du gouvernement de Nikol Pachinian lors du conflit avec l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh. Avec ce scrutin anticipé, est-ce que Nikol Pachinian a une chance de se maintenir au pouvoir ? La réponse est oui, mais ça s’annonce serré. Nikol Pachinian joue clairement son avenir politique avec ces élections législatives anticipées qu’il a dû se résoudre à convoquer après la raclée de son armée face à celle de l’Azerbaïdjan lors du conflit sur le Haut-Karabakh à l’automne dernier. Une défaite cuisante qui a fait perdre à l’Arménie le contrôle des territoires entourant le Haut-Karabakh. L’intervention de la Russie pour mettre en place un cessez-le-feu a évité le pire – la perte pure et simple du Haut-Karabakh, cette région officiellement en Azerbaïdjan mais sécessionniste, peuplée majoritairement d’Arméniens, et contrôlée depuis trente ans par Erevan. Suite à cette déroute militaire, qui a fait plus de 3 500 morts dans les rangs de l’armée arménienne, et causé le déplacement de dizaines de milliers de civils, le Premier ministre a dû faire face à la colère populaire et aux forces de l’opposition qui exigeaient son départ. Il a tenu bon, en expliquant que seul un scrutin pourrait décider si oui ou non les Arméniens voulaient encore de lui. Sa stratégie a donc été de trancher la querelle, non pas dans la rue, mais dans les urnes. Un style critiqué et des relations tendues avec l'armée Pachinian, qui était arrivé au pouvoir en 2018 en dénonçant l’archaïsme et la corruption d’élites fatiguées et très proches de la Russie, avait réussi à aplanir la situation politique et avait même enregistré quelques bons résultats économiques. Mais son style – trop direct et, pour certains, trop populiste – ne l’aura pas aidé dans la conduite du conflit avec Bakou. Sans compter des relations tendues avec l’état-major de l'armée, ce qui n’a pas arrangé les choses. On l’aura compris : pour Nikol Pachinian, le scrutin de dimanche est crucial. Il reste favori selon les derniers sondages avec son bloc Contrat civil. Face à lui, pas moins de trois anciens présidents – mais le seul qui représente un danger s’appelle Robert Kotcharian, président de l’Arménie de 1998 à 2008. Sa formation s’est rapprochée de Contrat civil, au point que les derniers sondages les donnent au coude-à-coude. Entre les deux hommes, la campagne a été rude. Mais l’image de Nikol Pachinian reste plus positive auprès des électeurs : 40 à 45% de bonnes opinions pour lui, contre à peine 20% pour son challenger. Mais, dans des législatives, il faudra surtout suivre le résultat et éventuellement les alliances des différents blocs. C’est là que réside le principal danger pour le Premier ministre : si tous ses adversaires font bloc contre lui en cas de second tour. Réponse, ou début de réponse, ce dimanche.