Le monde en questions - En Afghanistan, le retour des talibans ?

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La situation politique et militaire reste très incertaine, avec l’offensive en cours des talibans contre le gouvernement central - après la décision de Washington de retirer les troupes américaines du pays. Le retour au pouvoir des talibans est-il inévitable en Afghanistan ? La réponse est non, en ajoutant qu’il s’agit quand même d’une hypothèse plausible. Le président Biden l’a répété jeudi soir : rien n’est écrit en Afghanistan, et notamment un retour au pouvoir des talibans. Mais sur le terrain, ces derniers ne cessent de progresser un peu partout dans le pays, à l’ouest, au nord, au centre et au sud du pays. Ce vendredi, ils affirmaient même contrôler 85 % du pays. Et le Pentagone lui-même reconnaissait que les talibans s’étaient emparés de dizaines de districts dans tout le pays. Cette offensive tous azimuts des talibans a été déclenchée dès l’annonce par Joe Biden du retrait des 2 500 Gi’s présents en Afghanistan. Un retrait qui est déjà effectué à 90 % et qui devrait s’achever à la fin du mois d’août. Le président américain a justifié cette décision qui met fin à 20 ans d’engagement militaire dans pays : pour lui, il n’est plus possible de risquer la vie de ses soldats dès lors que cette présence ne résout pas véritablement la difficile équation afghane. Un aveu d’échec, même s’il réfute ce terme. Certains aux États-Unis et en Afghanistan n’hésitent pas à parler de lâchage en rase campagne du gouvernement de Kaboul et de l’armée afghane. ► À lire aussi : Afghanistan: les talibans gagnent du terrain, les populations envisagent l’exil La promesse de la poursuite du soutien américain, mais... Certes Joe Biden a promis à son homologue Ashraf Ghani la poursuite d’un soutien sans faille - diplomatique et militaire, notamment par la poursuite de frappes aériennes sur les positions des talibans. Mais ce que l’on constate actuellement, c’est une baisse de cet engagement dans les airs - et sur le terrain, une progression fulgurante des forces talibanes donc. Et les talibans ont récupéré en quelques semaines des dizaines de districts dans le pays profond, dans ces zones rurales où une population conservatrice préfère la sécurité et l’ordre social qu’apportent les talibans, à une liberté trop chaotique et qui s’incarne dans des élites trop souvent corrompues. Depuis quelques jours, forts de ces succès, les talibans mettent en œuvre la seconde phase de leur stratégie de reconquête : ils ont lancé l’assaut sur les grandes villes du pays, à Kunduz, QalaI Naw, Kandahar. Et sur les zones frontalières du pays, en particulier à la frontière avec l’Iran et le Tadjikistan. Les combats sont en cours et l’issue en est incertaine. Preuve que l’armée afghane, forte tout de même de 300 000 hommes, résiste dans ces centres urbains et puis également à Kaboul. Mais pour combien de temps ? Telle est aujourd’hui la question. Et si les talibans reviennent au pouvoir, voudront-ils imposer la même chape de plomb que celle qui a prévalu sous leur férule entre 1996 et 2001 ? Beaucoup le redoutent, et notamment les femmes qui se sont émancipées depuis 20 ans dans ces grandes villes. L’Afghanistan à la croisée des chemins, livré à lui-même – pour le meilleur – ou pour le pire.