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Angela Merkel s’apprête à quitter le pouvoir après 16 ans à la tête de l’Allemagne. Un bilan globalement positif ? La réponse est oui, même si tout, bien sûr, n’est pas frappé du sceau de la réussite. Angela Merkel, c’est d’abord l’histoire d’un style en politique, celui d’une femme déterminée, mais ouverte, avare de ses mots et de ses postures, à la différence de certains de ses homologues masculins. Un style qui parfois a été jugé terne, mais dont la solidité lui a permis de surmonter bien des crises – de la crise financière de 2008, à la crise migratoire de 2015, en passant par la crise de la dette grecque en 2014 ou la pandémie de Covid-19. Et de nombreux Allemands ont aimé comment celle qu’ils ont fini par surnommer « Mutti », « maman », restait calme et efficace dans la tempête. Après presque seize ans à la tête du pays, elle laisse derrière elle un bilan économique et social mitigé. Les grandes réformes économiques avaient été effectuées par Gerhard Schröder, qui avait fait le sale boulot en quelque sorte et l’avait payé cher dans les urnes. ► À écouter aussi : Angela Merkel, un destin allemand Le taux de chômage est aujourd’hui deux fois inférieur à ce qu’il était en 2005, mais le nombre de travailleurs précaires et très peu payés a explosé. Résultat : un taux de pauvreté en forte augmentation - plus de 13 millions de personnes. Et une aggravation des inégalités en Allemagne. Autre secteur où le bilan est mitigé : la numérisation du pays. La première puissance économique d’Europe n’affiche que 5 % de sa population connectée à la fibre, par exemple. Un bilan à l’international plutôt flatteur Son bilan à l’international est plus flatteur : souvent seule femme de pouvoir au sein de dirigeants masculins, elle a su par son calme et sa fermeté, accroître les positions de son pays. Dans la continuité de ses prédécesseurs concernant les relations avec la Russie et les États-Unis. Relations parfois tendues sur le plan politique avec Moscou, mais permanence des échanges économiques. Et avec Washington, Angela Merkel a eu parfois des échanges difficiles avec Donald Trump par exemple, mais elle reste une atlantiste convaincue. Et puis, avec elle, l’Allemagne s’est encore plus affirmée comme la puissance essentielle de l’Union européenne. Là aussi en mêlant fermeté et pragmatisme : c’est elle qui décide contre l’avis de son ministre des Finances Schauble, de garder finalement la Grèce dans la Zone euro lors de la crise de la dette grecque ; c’est elle, aussi, confrontée aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, qui accepte en partie la proposition d’Emmanuel Macron de mutualiser les dettes au niveau de l’Union européenne. ► À lire aussi : La dette de guerre, un vieux contentieux entre l’Allemagne et la Grèce Elle brise là un véritable tabou en matière de rigueur budgétaire. Mais elle précise que c’est une mesure exceptionnelle liée à une situation exceptionnelle. C’est elle enfin qui décide, après réflexion, d’accueillir un million de migrants à l’été 2015. On pourrait citer aussi la sortie du nucléaire, qui fait toujours débat outre-Rhin. Humaniste et conservatrice Sur les sujets de société, cette fille de pasteur a été à la fois humaniste et conservatrice, mais toujours pragmatique et à l’écoute des demandes de la société civile. Une féministe sur le tard – elle l’a dévoilé il y a deux semaines à peine. Sa succession s’annonce compliquée, comme souvent quand une figure de son envergure a dominé l’histoire de son pays sur une aussi longue période, sans vraiment préparer la suite. ► À consulter aussi : notre dossier Ère Merkel, clap de fin, et le long format Les années Merkel