La Maltaise Roberta Metsola à la tête du Parlement européen?

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Le Parlement européen doit élire mardi 18 janvier le successeur de son défunt président, David Sassoli, qui a succombé à une maladie en début de semaine et dont le mandat expirait ce mois-ci. Quatre candidats sont en lice, mais la Maltaise Roberta Metsola, membre du PPE, est favorite. Si elle bénéficie d’une bonne réputation au Parlement européen, où elle siège depuis 2013, ses positions anti-avortement font polémique. Une mère de famille nombreuse aux fourneaux, entourée de son mari et de ses quatre turbulents garçons : entre deux sessions de travail au Parlement européen, Roberta Metsola cuisine une bolognaise, dans les premières minutes d’un documentaire publié sur son site officiel. Passant sans transition de l’anglais au maltais, Roberta Metsola y affiche l’image d’une jeune quarantenaire, dynamique, séduite par l’idée européenne depuis son plus jeune âge. Elle obtient son diplôme de droit à l’Université de Malte en 2003, l’année où l’île décide de rejoindre l’Union européenne. Elle étudie ensuite au Collège d’Europe à Bruges et brigue en 2004 un premier mandat d’eurodéputée, sans succès. Elle s’y reprendra à deux fois avant de faire son entrée dans l’hémicycle en remplacement de Simon Busuttil, élu au Parlement maltais en 2013. Elle est élue l’année suivante. En attendant son heure, Roberta Metsola est chargée de la justice et des affaires intérieures au sein de la représentation permanente de Malte auprès de l'Union européenne, puis conseillère juridique au Service européen d'action extérieure de 2012 à 2013. ► À lire aussi : UE: décès du président du Parlement européen, l'Italien David Sassoli « Même si elle vient d’un petit pays membre, elle connait tous les détails de la politique européenne et des politiques nationales des 27 États », affirme Andreas Schwab, eurodéputé du Parti populaire européen. L’élu allemand salue « l’intelligence remarquable » dont fait preuve son « excellente collègue », qui a travaillé au sein de plusieurs commissions du Parlement européen, dont la Commission des libertés civiles de la justice et des affaires intérieures et la Commission spéciale sur la criminalité organisée, la corruption et le blanchiment de capitaux. « C’est une femme, une mère de famille, qui a démontré à tous les collègues au PPE et même au-delà, qu’elle sera capable d’être la présidente de tous les collègues du Parlement européen », estime Andreas Schwab. Cheffe de file du Parti nationaliste maltais au Parlement européen, Roberta Metsola a été élue vice-présidente de l’hémicycle en 2020, a remplacé David Sassoli, lorsqu’il était souffrant et assure aujourd’hui l’intérim depuis sa disparition, le 11 janvier. Une progressiste opposée à l'IVG Engagée pour les droits des personnes LGBT+, en lutte contre la corruption et le clientélisme à Malte, défenseuse du droit d’asile et de l’état de droit, Roberta Metsola pourrait passer pour très progressiste au sein de son parti. Mais ses positions anti-avortement font polémique. La vice-présidente du Parlement européen vote systématiquement contre toutes les résolutions qui défendent le droit à l’avortement et elle s’est même abstenue de voter un texte qui demandait à la Commission européenne de criminaliser les violences faites aux femmes. Aurore Lalucq, eurodéputée du groupe des Socialistes et démocrates, s’inquiète du « mauvais signal » que pourrait donner le Parlement en élisant à sa tête une personnalité opposée à l’IVG. « Le message envoyé n’est pas bon. Dans mes tripes, je ne peux pas mettre un bulletin pour quelqu’un qui peut voter, par exemple, contre une résolution pour défendre les femmes en Pologne suite à la quasi-interdiction du droit d’avortement là-bas », souligne l’élue française, qui reconnaît, par ailleurs, « beaucoup de qualités » à Roberta Metsola : « Elle est très agréable, elle peut avoir des positions fortes sur d’autres sujets. C’est quelqu’un qui sait dialoguer, respecter et écouter la parole des autres, ce qui est très important au niveau européen, où l’on est dans du compromis en permanence ». Malte est l'un des derniers pays de l'Union européenne où l'IVG reste complétement illégale – même en cas de viol, d'inceste, de maladie du fœtus ou de danger pour la mère. « Roberta Metsola est une femme intelligente, ouverte sur le monde, qui connait les diverses traditions des États membres européens, mais qui connait aussi sa circonscription à Malte. Elle doit prendre en compte, dans son comportement de vote, les attentes de ses électeurs », plaide Andreas Schwab, qui se dit persuadé qu’elle fera le nécessaire « en tant que présidente élue du Parlement européen, pour représenter toutes les positions que prend le Parlement européen ». Un argument qui ne convainc pas Aurore Lalucq : « Évidemment que Roberta Metsola respectera la parole du Parlement européen quand il n’ira pas dans son sens. Il n’y a pas des sujets là-dessus. Néanmoins, en politique, les symboles, c'est important ». En l’absence de candidature présentée par les deux autres grands partis du Parlement européen, l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, et Renew, Roberta Metsola a de bonnes chances d’être élue. Elle deviendrait alors la troisième femme à présider l’hémicycle européen, après Simone Veil et Nicole Fontaine. ► À lire aussi : Parlement européen: la conservatrice Roberta Metsola bien placée pour prendre la présidence