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Mercredi 8 décembre, après 16 ans de règne, Angela Merkel a laissé sa place à Olaf Scholz. Le dirigeant social-démocrate et son gouvernement arrivent au pouvoir en pleine quatrième vague de Covid-19. Une pandémie qui s’impose comme la première priorité pour la nouvelle coalition. Pour faire face à ce défi, le choix d’Olaf Scholz s’est porté sur Karl Lauterbach. Épidémiologiste très présent dans les médias, député depuis 16 ans, le nouveau ministre de la Santé a pour lui sa casquette de scientifique. Arrivera-t-il à convaincre sur le plan politique ? Par Martin Chabal, du service International de RFI Depuis le début de la pandémie, l'Allemagne se réveille et se couche avec les analyses de Karl Lauterbach. Ce médecin et épidémiologiste de 56 ans est devenu l’un des spécialistes allemands les plus réputés de l’épidémie. Dans les matinales, les magazines du midi, lors des talk-show du soir ou sur Twitter, il est partout et commente tout. Selon le journaliste allemand Christian Parth, Karl Lauterbach « est avant tout un scientifique ». Sa formation en médecine l'a naturellement imposé comme un vulgarisateur reconnu des études qui étaient publiées sur le coronavirus. Au point d'être vu comme « le nouveau messie », confie Christian Parth. Pour le journaliste allemand, la formation d’universitaire de l'élu a « assis sa crédibilité », mais l'homme politique a su également marquer les esprits. Lors de ses apparitions publiques, il cultive son image. Au début de sa carrière médiatique, il portait fièrement son nœud papillon, rouge et imposant, qu'il a ensuite abandonné sur les conseils de sa fille. Le vœu des Allemands « exaucé » Au printemps prochain, Karl Lauterbach participera à une émission humoristique diffusée sur Amazon Prime où il se glissera dans la peau d’un comique, seul sur scène. On entend même sa voix dans le clip d’une chanteuse allemande qui sensibilise à la vaccination. Au moment de composer son gouvernement, Olaf Scholz, le nouveau chancelier, a bien saisi l’engouement autour de cet épidémiologiste, élu SPD au Bundestag. Lors de la présentation des nouveaux ministres, il a expliqué avoir tout simplement exaucé le vœu des Allemands : « Beaucoup de citoyens voulaient que le prochain ministre de la Santé soit quelqu’un du métier et que cette personne s’appelle Karl Lauterbach. » Depuis son entrée en fonction, le professeur de santé publique à Harvard, université dont il est diplômé, veut apparaître radical et rigoureux. Au nom de la science, il prône l'obligation vaccinale et la fermeture totale des bars et des restaurants. Mais sa radicalité pourrait l’isoler au sein d’une coalition qui devra faire preuve de pragmatisme politique. Pour Christian Parth, son image de « loup solitaire » et « d’intello » pourrait aussi agacer au sein du gouvernement : « Il est vraiment très différent de l’homme politique allemand standard. Lui, c’est un scientifique, il pense comme un scientifique, pas comme un politique. » Il ne sort plus sans ses gardes du corps En raison de ses positions en faveur de la vaccination, Karl Lauterbach est devenu la bête noire des antivax, cible de menaces et d’insultes. Sa voiture a déjà été vandalisée et il ne sort plus sans ses gardes du corps. Mais pour l’instant, le nouveau ministre de la Santé jouit d’une belle côte de popularité. Selon une enquête publiée par Der Spiegel, 65% des Allemands le voit comme l’homme de la situation. Pour Patrick Hassenteufel, auteur d’un rapport sur le système de santé allemand pendant la pandémie pour l’Institut français des relations internationales, « c’est vraiment un spécialiste des politiques de santé ». Avec plus de 20 ans d’expérience, il a l’expertise nécessaire pour gérer la pandémie, puis s’attaquer au gros chantier de la numérisation du système de santé allemand.