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Le Sénégal est champion d’Afrique de football pour la première fois de son histoire ! Les Lions de la Teranga ont remporté, dimanche 6 février au soir, la finale de la CAN de football face à l’Égypte. Juste après le match, au stade d’Olembé en périphérie de Yaoundé, au Cameroun, Amélie Tulet a interrogé Mamadou Koumé, journaliste sportif sénégalais, ancien directeur de l’Agence de presse sénégalaise, président d’honneur de l’association de la presse sportive sénégalaise, et auteur d’un livre sur l’histoire des Lions de la Teranga. RFI : Le Sénégal est champion d’Afrique… Enfin ! Mamadou Koumé : Enfin, oui ! On attendait ça depuis très longtemps. On peut dire que le jour de gloire est arrivé après deux échecs en 2002 et puis, il y a trois ans, en 2019, en Egypte. Sur l’ensemble du tournoi, l’équipe l’a mérité même si les débuts ont été laborieux. On a assisté à une montée en puissance de l’équipe à partir du second tour jusqu’à cette finale. Cette finale qui était très indécise, où le Sénégal a gagné aux tirs au but, un exercice où les Sénégalais n’ont pas souvent été heureux. Et une séance de tirs au but qui est arrivée au terme d’un match éprouvant pour les nerfs… Éprouvant pour les muscles et les nerfs à la fois. Ça a été un match très difficile. Je pense que le tournant du match, c’est le pénalty manqué par Sadio Mané à la sixième minute. Je pense que si Sadio avait transformé ce penalty, le match aurait eu une autre allure. Vous avez parlé des débuts laborieux du Sénégal dans cette CAN. Auriez-vous cru à cette victoire initialement ? Non. J’avoue, franchement, c’était difficile, pour moi, de croire que le Sénégal, après ce premier tour, arriverait au bout et remporterait ce trophée. Le premier tour a été extrêmement difficile avec deux matchs nuls et une victoire. Je pense que cette équipe avait une excuse. Il y a eu beaucoup de « covidés », ensuite les équipes ne se sont pas préparées comme il fallait, à mon avis. Parce que, si vous vous souvenez bien, la FIFA a presque fait une injonction aux sélections, aux fédérations africaines, pour leur dire que les professionnels qui étaient dans les clubs restaient là-bas jusqu’au 3 janvier. Une semaine pour se préparer, je pense que ça aussi, c’est une explication. Et c’est valable pour beaucoup d’autres équipes, pas seulement pour le Sénégal. On présente toujours le Cameroun comme un grand pays de football, alors pour l’amateur de football que vous êtes, qu’est-ce que ça fait d’avoir vécu une CAN au Cameroun, ce qui n’était pas arrivé depuis 1972 ? Oui, bien sûr ! En 1972, on était très jeunes. Je n’ai jamais vu un pays investir autant pour la CAN. Le seul problème qu’il faut regretter ici, c’est la mort de ces huit personnes dans une bousculade au Stade d’Olembé. C’est vraiment la tâche sombre, à mon avis, sur cette compétition. À Douala, les gens auraient aimé que l’on joue un quart de finale ou une demi-finale. Mais l’état de la pelouse ne le permettait pas. Je pense qu’à part cet impair, on peut dire que, globalement, cette CAN a été une réussite pour le Cameroun. Et la CAN à peine refermée, on a déjà en ligne de mire de grands rendez-vous sportifs, notamment les matchs de barrage pour la Coupe du monde. Est-ce que ça ne va pas un peu trop vite ? Absolument. Je pense que cela va trop vite. C’est pratiquement dans un mois. C’est en l’espace d’une semaine que l’on va jouer les matchs aller et retour. Et le Sénégal et l’Egypte vont se retrouver… Oui, le Sénégal et l’Egypte vont se retrouver encore. Un match aller en Egypte et un retour au Sénégal. Beaucoup de Sénégalais, quand ils ont connu l’identité des finalistes, se sont dit que ça allait être extrêmement difficile de jouer trois matchs contre l’Egypte ! Mais c’est ça aussi la compétition. Est-ce que le Sénégal a pris un ascendant psychologique aujourd’hui avec cette victoire en finale ? Je ne crois pas. Je pense que l’on va repartir à zéro et que l’Egypte est un grand pays de football. Après, ils ont un football qui totalise sept titres continentaux. C’est un grand pays de football. Donc les Sénégalais auront fort à faire face à l’Egypte. La qualification sera difficile à acquérir, en tous cas pour celui qui voudra se qualifier, c’est-à-dire le Sénégal ou l’Egypte. Mais pour l’instant, le Sénégal peut d’abord savourer sa première étoile… Absolument ! On va savourer cette victoire du football sénégalais. Je pense que cette victoire crédibilise davantage le football sénégalais. C’est aussi un raccourci pour le football sénégalais. C’est un football qui est en chantier au niveau local et il y a énormément de chantiers dans beaucoup de pays. Nous sommes au Cameroun, il y a un chantier pour redynamiser les clubs, c’est le cas aussi au Sénégal. ► CAN 2022: revivez le sacre historique du Sénégal, en images